Le premier ministre du Canada appelle aussi le Hamas « à libérer tous les otages immédiatement ».
Le premier ministre Justin Trudeau lors de son discours dans la Chambre des communes, le 16 octobre 2023.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / PATRICK DOYLE
Le premier ministre Justin Trudeau a indirectement appelé Israël, lundi, à alléger le siège imposé à la bande de Gaza pour permettre la mise en place d’un corridor humanitaire « afin que l’aide essentielle comme la nourriture, le carburant et l’eau puisse être livrée » à la population palestinienne.
Il est impératif que cela se produise
, a-t-il ajouté lors d’un discours prononcé à la Chambre des communes.
Même les guerres ont des règles. Le Canada est, comme toujours, ferme dans son engagement envers la primauté du droit.
Le Canada défendra toujours l’état de droit […] quelles que soient les circonstances
, a encore dit M. Trudeau, qui a également appelé le Hamas à libérer tous les otages immédiatement
.
L’attaque sanglante du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, a fait plus de 1300 morts. Le Hamas a, par ailleurs, pris en otage 199 personnes, selon les autorités israéliennes.
En représailles à l’attaque du Hamas, l’armée israélienne pilonne sans relâche cette enclave palestinienne surpeuplée, des frappes qui ont fait à ce jour 2750 morts et près de 9700 blessés, selon le dernier bilan des autorités palestiniennes.
Cinq Canadiens sont décédés lors de l’offensive du Hamas en Israël et trois autres sont portés disparus.
Le gouvernement canadien refusait jusqu’à aujourd’hui de donner le moindre détail sur ces ressortissants portés disparus, afin de ne pas augmenter leur valeur
auprès de leurs assaillants. Dans son discours, M. Trudeau a toutefois laissé entendre que ces personnes pourraient avoir été prises en otage par le Hamas
.
Dans cette photo publiée sur X (anciennement Twitter) par Tarik Ali Khan, ambassadeur canadien en Jordanie, on voit l’autobus ayant servi à la toute première évacuation, en Jordanie, de ressortissants canadiens qui étaient en Cisjordanie.
PHOTO : TARIK ALI KHAN, AMBASSADEUR CANADIEN EN JORDANIE
Sur le plan diplomatique, le Canada poursuit ses discussions avec plusieurs pays de la région, alors que la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, effectuait en fin de semaine une visite en Israël, en Cisjordanie et en Jordanie.
Dans ses entretiens avec les dirigeants d’Israël, de l’Autorité palestinienne, des Émirats arabes unis, d’Égypte et du Qatar, M. Trudeau affirme avoir discuté de la libération des otages, de la fourniture d’une assistance humanitaire
et des efforts d’évacuation des Canadiens bloqués en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Plus tôt dans la journée, un groupe de 21 ressortissants canadiens (nouvelle fenêtre) a quitté la Cisjordanie lundi à bord d’un autobus à destination de la Jordanie.
Ottawa tente toujours de trouver une voie de passage pour ses ressortissants coincés dans la bande de Gaza depuis une dizaine de jours en raison du blocus israélien.
L’impact du conflit au Canada
Jusqu’ici, la population de Gaza a quitté massivement la ville pour trouver refuge dans le sud de l’enclave palestinienne, mais n’a toujours nulle part où aller, les forces israéliennes ne laissant sortir ni entrer personne depuis l’assaut meurtrier du Hamas.

Des Palestiniens bloqués à la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte.
PHOTO : ASSOCIATED PRESS / FATIMA SHBAIR
Le Canada a par ailleurs pu évacuer plus de 1150 de ses ressortissants qui cherchaient à quitter Israël. Des vols de rapatriement ont été organisés par l’armée canadienne de Tel-Aviv vers Athènes, d’où des vols commerciaux vers Toronto étaient offerts.
Devant le Parlement, lundi, M. Trudeau s’est aussi attardé sur les répercussions de ce conflit sur les communautés juive et musulmane au Canada, dénonçant la montée à la fois de l’islamophobie et de l’antisémitisme dans le pays.
Partout dans notre pays, […] les juifs se demandent s’ils devraient ne plus porter l’étoile de David ou la kippa en public. Les musulmans et les arabes craignent d’être à nouveau considérés comme des terroristes. La liste des soucis est interminable, et la peur est réelle.
Il ne faut jamais oublier que la diversité fait notre force
, a ajouté M. Trudeau. Maintenant, plus que jamais, on doit se rassembler et éviter de laisser les inquiétudes, les soupçons et la méfiance nous séparer.
Selon les dernières données de Statistique Canada, 437 cas de crimes haineux ont touché la communauté juive dans le pays en 2021. Il s’agit de la communauté la plus visée au Canada bien qu’elle ne représente que 0,9 % de la population canadienne.
La communauté musulmane, qui compte pour 4,9 % de la population, a quant à elle connu la plus forte progression (+71 %) du taux de crimes haineux en un an, le nombre de cas passant de 84 à 144.

La synagogue Bagg Street Shul, à Montréal, avait été vandalisée en mai dernier.
PHOTO : PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @BNAIBRITHCANADA
Poilievre accuse Téhéran de « perpétuer » le conflit
Les chefs des partis d’opposition, qui ont pris la parole à la Chambre des communes après M. Trudeau, ont eux aussi réitéré leur appui à l’État d’Israël tout en insistant sur la nécessité d’ouvrir un corridor humanitaire pour alléger les souffrances de la population palestinienne dans la bande de Gaza.
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, est allé plus loin, accusant l’Iran, le parrain terroriste du Hamas
, de chercher à perpétuer le conflit
au Moyen-Orient pour faire avancer ses propres intérêts dans la région.
Il a ainsi appelé le gouvernement libéral à criminaliser
les Gardiens de la révolution, milice armée de la République islamique d’Iran dépendant de l’autorité du guide suprême, afin de limiter ses activités au Canada.
Il ne fait aucun doute que les attaques du 7 octobre ont exigé un certain degré de sophistication qui n’aurait pas été possible sans l’aide d’un acteur gouvernemental extérieur, et cet acteur c’est Téhéran.
En octobre 2022, le gouvernement canadien a annoncé que 10 000 (nouvelle fenêtre) dirigeants des Gardiens de la révolution islamique d’Iran seraient interdits d’entrée au Canada. Cependant, le groupe n’est pas considéré comme une entité terroriste par le gouvernement canadien. La Force Al-Qods, l’une de ses cinq divisions, est toutefois déjà traitée comme une organisation terroriste par Ottawa.
En 2019, les États-Unis ont décidé d’inscrire les Gardiens de la révolution islamique sur leur liste des organisations étrangères terroristes.